mercredi 20 juillet 2011

Le souffle

Le souffle est en même temps matière et esprit. Il est impalpable et n’a pas d’odeur, sauf dans certains cas... On ne peut le voir et pourtant il est là. Le vent, on peut le sentir sur soi. Mais le vent n’est pas le souffle. Le souffle en tant que chiasme matière-esprit a complètement échappé à l’Occident des temps les plus reculés. Ces chercheurs de la vérité qui ont commencé leurs travaux vers 600 avant J. C. tels que Héraclite ou Parménide et tous les philosophes qui ont suivi, souvent de vrais maîtres de sagesse, n’ont jamais abordé le Souffle comme élément avec lequel on peut faire joujou toute une vie. Au-delà de la pensée discursive et de la pensée tout court se trouve la non-pensée. La pensée sait que la non-pensée existe à force qu’on en parle dans le Bouddhisme. Mais pour arriver là où la pensée n’est pas il faut utiliser le souffle. Et là où la pensée n’est pas c’est là que se trouve un trésor.

Je vous propose une petite expérience, à faire en étant assis, debout, couché, peu importe, mais immobile. Après avoir expiré on inspire lentement en se concentrant sur l’air qui en pénétrant effleure la paroi nasale. On peut sentir nettement le contact de l’air à l’intérieur du nez. Lorsque l’air est plus frais on le sent jusqu’au fond de la gorge. Encore plus frais et on le sent qui pénètre dans la trachée. Faites cela deux trois fois de suite en sentant et prenant conscience de l’air qui rentre en soi et qui en sort. Là, vous venez de tourner les regards à l’intérieur de vous-même. Lorsque vous vous êtes concentré sur la sensation de l’air qui pénètre par le nez, vous ne pensiez à rien. Vous veniez de faire l’expérience de la non-pensée. Et du coup, vous veniez de faire une séance de zazen. C’est pas plus compliqué que ça !
© Taïkan Jyoji 2011